Lauréats 2015: le jardin de Joël et Sophie Vichon à Beaune (21)

Portrait de jardiniers

C’est grâce à l’association locale des Croqueurs de pommes que tout a commencé ! En y adhérant, Sophie Vichon a entraîné toute la famille. Son mari et ses enfants ont découvert le plaisir de goûter des pommes aux goûts variés et ont vite adhéré au projet. En plus, Sophie a rencontré des passionnés et s’est longuement documentée. Parmi ses références, elle cite volontiers Evelyne Leterme, créatrice du Verger Conservatoire d’Aquitaine. Sophie a dans le même temps suivi des stages pour apprendre à greffer et à tailler.

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Et parce qu’ils avaient envie de croquer de bonnes pommes « avec la peau », ce jeune couple de viticulteurs en agriculture biologique a décidé de les produire ! Choix des variétés, traitements d’origine naturelle, cultures associées, préservation des auxiliaires : les techniques de ces deux experts, appliquées à un verger familial, ne laissent rien au hasard.

Leur vision du jardin

Un verger tout neuf

En 2011,  le couple décide de franchir le pas et de transformer en un vaste verger un terrain agricole de 250 m de long sur 15 m de large, situé à l’entrée de Beaune. La parcelle est d’abord semée en prairie fleurie riche en ray-grass, fétuque et trèfle. Les bandes destinées à recevoir les arbres fruitiers sont semées avec de la phacélie, un engrais vert idéal pour préparer le sol.  L’année d’après, les premiers scions de pommiers et quelques autres fruitiers comme des pruniers, cerisiers et poiriers sont plantés.

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Les étapes de plantation

1/ Préparation : La bande de plantation est semée l’année précédente avec de la phacélie qui permet de nettoyer le sol. L’engrais vert laissé sur place, protège et ameublit le sol.

2/ Le sol est griffé en surface. Le trou est pratiqué à l’aide d’une tarière identique à celle utilisée pour la vigne.

3/ Le scion greffé ou non est planté, sans retailler ni le pivot ni le bourgeon apical.

4/ Un arrosage abondant est fait au moment de la plantation puis si besoin en cas de sécheresse prolongée.

Le verger en pratique

Taille et suivi du verger

Au moment de la plantation, le scion est conservé dans son intégralité et il  n’est surtout pas rabattu. « On ne touche ni au pivot ni au bourgeon apical, car selon Sophie,  supprimer le bourgeon apical le déséquilibrerait ». L’arbre est ensuite conduit en axe central avec arcure de certaines charpentières, pour mieux répartir et homogénéiser la  fructification. En pratique, les branches principales sont doucement arquées à l’aide de poids légers ou à l’aide des fils de palissage. Les fleurs et les fruits sont éliminés au cours des trois premières années pour favoriser la pousse des futures charpentières.

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Des interventions très mesurées

« Le sol est argilo-calcaire. On marche le moins possible pour éviter tout phénomène de tassement au pied des arbres », explique Sophie.  Le but recherché est de recréer un biotope équilibré. Pour cela une bande enherbée est laissée entre les rangs. Elle ne sera fauchée que tardivement en juillet. Le foin est utilisé au pied des arbres  pour pailler. De chaque côté des bandes de plantation une bande de 1 mètre de large est griffée 3 ou 4 fois par an pour éviter la concurrence de l’herbe et pour limiter les campagnols.

Les traitements « maison »

Aucun produit du commerce n’est utilisé dans le verger à l’exception d’un peu de soufre et de bouillie bordelaise. Le résultat recherché et qui a d’ailleurs été  obtenu depuis 4 ans,  n’est pas une absence totale de maladies mais une pression très réduite des ravageurs et des maladies.

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Avant débourrement, en mars ou avril, Sophie pulvérise aussi en prévention de l’apparition de ravageurs ayant pondu des œufs l’hiver un traitement ovicide à base d’huile de colza. Une décoction de prêle* est pulvérisée au débourrement. De plus, les macérations d’ortie* sont pulvérisées 2 fois par mois et appliquées comme stimulant foliaire pendant la période de végétation (sauf en été).

Leurs conseils

Associer des aromatiques

Sur la bande de plantation, au pied des fruitiers, a été installée une large gamme de plantes aromatiques : romarin, sarriette, ciboulette,  sauge, thym, lavande, mélisse, origan et des fleurs telles que soucis, ancolie, rose trémière et bourrache.  Certaines plantes servent à la confection des préparations et macérations* : ail, ortie, consoude, sauge…

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Pour Sophie, « le rôle de ces plantes associées est multiple. D’abord, elles occupent  le rang en empêchant la pousse des adventices. De plus, elles perturbent le champ de détection de certains ravageurs grâce aux COV (les composés organiques volatils). Enfin, elles servent de dortoir et de garde-manger à nombre d’auxiliaires.»

Favoriser les animaux utiles

Le couple a bien compris l’utilité d’animaux auxiliaires discrets comme les bourdons, syrphes et abeilles solitaires mais aussi des oiseaux et des chauves-souris. Divers nichoirs et abris ont donc été répartis sur tout le terrain. Des pots de terre remplis de paille abritent des forficules (ou perce-oreilles) friands de pucerons. Des perchoirs en hauteur accueillent des rapaces (buses ou chouettes) de façon à limiter les campagnols très abondants cette année. Les pelotes de réjection au pied des perchoirs indiquent leur passage. Enfin, pour une meilleure pollinisation, des ruches ont été installées en bout de terrain. « Quand on installe des ruches, note Joël, il ne faut pas oublier de leur donner de l’eau ! Une colonie d’abeilles boit 150 litres d’eau par an ».

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En 4 ans à peine, la faune et la flore ont largement repris leurs droits. Le verger une fois installé, il reste encore à peaufiner les techniques et à concrétiser les récoltes. Le couple table sur une moyenne de 30 kg par arbre. Visites automnales, journées découvertes des fruits et de leur goût, fabrication de jus de pomme,  les projets d’animation et de valorisation ne manquent pas !

L’ail, un bon répulsif

De l’ail a été planté au pied des arbres. Il dégage des composés soufrés qui sont répulsifs vis-à-vis de certains bioagresseurs. L’ail sert aussi  pour confectionner des macérations.

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