L’ épidémiosurveillance ‘par’ et ‘pour’ les jardiniers amateurs

Sachant que la prévention des risques phytosanitaires permet de réduire les traitements, quel jardinier n’a pas rêvé d’être prévenu quelques jours avant l’arrivée des maladies et insectes ravageurs ? En agriculture et en espaces verts professionnels, l’épidémiosurveillance est une réalité. En jardin amateur, ce volet du plan Ecophyto est en cours de mise en place, comme nous l’explique Jérôme Jullien de la DGAL*.

Qu’est-ce que l’épidémiosurveillance ?

La surveillance des maladies et ravageurs a été mise en place pour des filières végétales agricoles comme la pomme de terre, les céréales… Les agriculteurs reçoivent des informations objectives et fiables, parfois des alertes et autant que possible des conseils sur les méthodes alternatives aux traitements par l’intermédiaire d’un bulletin de santé du végétal.

Mais pour les jardiniers amateurs, la même chose est-elle envisageable ? Les particuliers pourraient ainsi être informés par exemple des risques d’arrivée du mildiou sur les pommes de terre ou les tomates, du carpocapse sur les pommiers ou de l’ambroisie dans leur région. Des jardiniers aguerris devraient pouvoir signaler l’arrivée dans la région de tel ou tel organisme nuisible aux cultures.  Jérôme Jullien travaille sur ce projet au sein de la DGAL. Pour lui, ce n’est plus de la science-fiction :

« La mise en place de l’épidémio-surveillance dans les jardins d’amateurs s’inscrit dans l’axe 5 du plan Ecophyto  qui concerne les zones non agricoles (ZNA). Dès 2009, on a souhaité mettre en place un référentiel applicable aux jardins.  Les jardins sont très importants sur le plan phytosanitaire. Car compte tenu de la grande biodiversité qu’ils représentent, il est possible aussi que les jardiniers aident à la détection des parasites réglementés de lutte obligatoire. La première étape indispensable qui a été franchie fin 2012 est la rédaction d’un Guide d’observation et de suivi des bioagresseurs au jardin. Ce guide est  destiné aux animateurs, aux observateurs régionaux, mais aussi aux jardiniers amateurs ».

Utile et participatif

Les jardiniers sont invités à participer à la surveillance du territoire et en conséquence à l’élaboration des bulletins de Santé du Végétal. Pour information, le guide est accessible à tous. Ce guide permet de faire un diagnostic et pour ceux qui le souhaitent de le signaler en tant qu’observateur. Il permet aussi d’identifier les auxiliaires du jardin.

Bulletins de santé du végétal

Les bulletins de santé du végétal pour les zones non agricoles sont édités et mis en ligne sur les sites des DRAAF, des chambres d’agriculture, des FREDON, et sur le site Jardiner Autrement. Certaines  régions comme la PACA, les Pays de La Loire ou la région Centre ont déjà avancé et publient des bulletins destinés aux jardins d’amateurs. Il est important aussi, compte tenu des différences pédoclimatiques régionales, de pouvoir disposer d’informations locales.

Des recommandations et des conseils

« Les bulletins ne donnent pas de solutions en terme de traitements, note Jérôme Jullien, ni même de lâchers d’auxiliaires. En revanche, ils signalent les risques phytosanitaires sans catastrophisme exagéré. Ils rappellent les bonnes pratiques de jardinage et recommandent les méthodes alternatives aux traitements, pour un meilleur respect de la santé publique et de l’environnement ».

Par exemple le bulletin peut signaler l’arrivée de la mouche mineuse du poireau et l’intérêt  de mettre en place des filets anti-insectes. Contre le mildiou des solanacées, la pomme de terre et la tomate par exemple, le bulletin rappellera l’importance de supprimer les déchets de la culture précédente et l’élimination des repousses. Il mettra l’accent sur les variétés tolérantes, le rappel des bonnes densités de semis et de plantation…

Les bulletins peuvent aussi rappeler l’intérêt de favoriser les auxiliaires avec par exemple une flore adaptée, des engrais verts et des bandes fleuries…

*Jérôme JULLIEN est expert référent national en surveillance biologique du territoire et travaille à la DGAL/SDQPV au ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. Il est l’auteur de l’ouvrage Diagnostic et soins des plantes au jardin et de la collection des Guides écologiques des arbres, des arbustes et du gazon.

 

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