Pour trois herbes, ils font leur cinéma !

Réapprendre les bases, savoir être tolérant et pratiquer une gestion différenciée selon que l’on s’adresse au Palais des Festivals ou à d’autres zones plus sauvages : telles sont les solutions que la ville de Cannes a pu mettre en œuvre pour limiter les traitements et l’arrosage… comme l’explique Xavier Péraldi, responsable des espaces verts de la ville de Cannes.

À Cannes comme dans d’autres villes, Écophyto 2018 s’inscrit dans la mise en place d’un Agenda 21 : augmentation de la biodiversité, diminution des produits chimiques, etc. « Pour éviter les traitements, il faut redire et réapprendre les bases du jardinage. La première étape est de bien choisir ses végétaux : en fonction du sol, de l’endroit… ne pas trop arroser. Mais il faut aussi devenir plus tolérant vis-à-vis de quelques pucerons ou de trois herbes sur un trottoir, explique Xavier Péraldi…, c’est-à-dire changer les mentalités, et c’est là le plus difficile ! »

Des pissenlits et des hérissons !

Dans de nombreuses pelouses de Cannes, l’arrêt de l’utilisation de désherbants sélectifs a entraîné la croissance de pâquerettes et de pissenlits. Il a fallu expliquer qu’accepter les pâquerettes ne constituait pas une régression, bien au contraire… Des parcs et jardins ont aussi vu l’installation de gîtes à chauves-souris, de gîtes à insectes, de nichoirs pour les oiseaux, les hérissons. Des ruchers ont également pris place dans la ville.

Appliquer la lutte biologique

Des techniques de lutte biologique ont été mises en place contre plusieurs ravageurs. Les populations de processionnaires du pin sont aujourd’hui devenues supportables dans les bois urbains par installation des pièges à phéromones. Si un cas d’attaque est constaté contre un arbre isolé, les jardiniers traiteront avec un produit à base de Bt (Bacillus thuringiensis). La lutte contre la cochenille rouge du palmier (sur Phoenix dactilifera) par des lâchers de la coccinelle prédatrice (Lindorus lophantae) a été couronnée de succès. Le prédateur s’est aujourd’hui installé et les lâchers ne sont plus utiles. Dans le cas du tigre du platane, des essais de lutte avec une chrysope ont été faits. « De toutes façons, compte tenu de la limitation des traitements en ville, la lutte biologique est devenu la seule alternative, constate le responsable des espaces verts. Seuls quelques traitements contre le puceron du cyprès, lorsqu’il s’attaque aux arbres d’une villa historique ou aux cyprès centenaires du cimetière, sont encore appliqués ! On surveille et on intervient en cas d’attaque. »

Limiter les herbicides et les arrosages

L’utilisation des paillages et des toiles est désormais privilégiée. La seule utilisation est limitée à des désherbages ciblés contre le Cyperus, une adventice qui forme des bulbilles à 50 cm de profondeur. Des désherbages thermiques sont pratiqués sur les zones très minérales.
Pour limiter les arrosages, la palette végétale a été remplacée par des essences moins exigeantes en eau. Les espaces sont progressivement convertis, en commençant par les ronds-points. Comme ils étaient autrefois en pelouse et arrosés en permanence, il n’était pas rare d’arroser aussi la route et les vélos… Aujourd’hui, la plupart des ronds-points ont été replantés avec des plantes méditerranéennes, plus sobres : graminées, lauriers-roses, genêts, vivaces, succulentes… mais on ne peut pas en mettre partout. Il faut aussi travailler avec des plantes annuelles.

Faire évoluer les mentalités

« On a beaucoup communiqué, expliqué, fait des plaquettes. Malgré tout, peu de gens s’intéressent au sujet…ou se sentent concernés, regrette Xavier Péraldi. Ici, le niveau d’exigence est très élevé. Il faut savoir expliquer que les désherbants rejetés dans le caniveau vont se retrouver à la mer, là où les gens se baignent… On s’aperçoit aussi que chez eux, les gens ne prennent pas vraiment conscience de la nécessité d’économiser l’eau ».
Cannes est une ville qui défend une image prestigieuse et reçoit du monde toute l’année, pour des salons, des congrès… Il faut composer avec ces exigences et on ne peut pas appliquer jusqu’au bout des pratiques de développement durable sur toute la commune. Les abords du Palais des Festivals et de la Croisette ne souffrent par exemple pas d’être défleuris une partie de l’année.

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