Jardiner Autrement

Lauréat 2012 : le jardin de Denis Pépin à Cesson-Sévigné (35)

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Portrait de jardinier

Conférencier, formateur, auteur de nombreux ouvrages et articles, Denis Pépin est un spécialiste reconnu du jardin bio qu’il pratique depuis plus de 30 ans ; ce qui ne l’empêche pas d’encore et toujours vouloir explorer de nouveaux savoirs…Rencontre avec un expert de terrain…

Promoteur et co-initiateur de l’opération ‘Jardiner au Naturel’ en Bretagne, Denis Pépin s’est taillé une solide réputation parmi les jardiniers et les professionnels du jardin. D’abord chargé de mission dans l’environnement, il a milité pour faire reconnaître l’importance des haies fleuries dans la biodiversité et les paysages urbains.

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Aujourd’hui formateur, auteur et conférencier indépendant, il met son expérience au service des professionnels et du grand public. Son jardin débuté en 1979, n’est pas seulement une vitrine mais c’est aussi la mise en pratique de ses propres convictions et toujours un formidable terrain d’expérimentation…

Il y met en œuvre les principes du jardinage biologique et ses propres savoir-faire à la fois pour le jardin d’ornement pour le potager ou pour le verger. En quelques années, il a réussi à transformer 3000 m² de terre difficile, compacte et épuisée en un sol grumeleux, facile à travailler, vivant, un merveilleux jardin agréable et productif…

Sa vision du jardin

Un jardin agréable et facile, dont il ne veut pas devenir l’esclave

Au fil des années, il a appris à choisir soigneusement toutes les plantes en fonction de l’exposition et du climat. Il évite les plantes coups de cœur, les plantes mal adaptées, trop sensibles aux ravageurs ou aux maladies. Les plantes qu’il cultive sont saines et belles.

Le jardin comporte un mélange de plantes horticoles choisies au départ, auxquelles se sont ajoutées des plantes sauvages qui se sont implantées ou ressemées seules. Le jardinier sait aussi se faire plaisir en plantant par exemple des plantes parfumées près de l’entrée.

Le paillage systématique des plantes est un autre principe auquel aucune zone du jardin ne déroge, vivaces ou légumes. « Il suffit de choisir son paillis en fonction de la vitesse de décomposition souhaitée : rapide pour des déchets de tonte, lente pour des feuilles plus coriaces. »

Le jardin en pratique

Un potager luxuriant

Le plan est simple : au centre deux séries de plates-bandes parallèles séparées par des allées engazonnées avec au centre et autour de vastes massifs de vivaces fleuries.

Les plates-bandes accueillent des légumes associés sur deux lignes. L’année suivante, le même plan de culture est déplacé d’une plate-bande. Et ça marche ainsi depuis 25 ans.

Une ou deux fois par an le bord des allées est suivi au dresse-bordure de façon à éviter qu’elles ne gagnent et surtout de façon à avoir quelque chose de toujours joli…

Le sol du potager est enrichi par du compost fait maison au moment où les vers de terre travaillent le plus (septembre à novembre) et les cultures sont systématiquement paillées.

Le travail du sol est réduit à sa plus simple expression (griffage). Les légumes sont paillés avec de la tonte de pelouse au printemps, du petit broyat en été et des feuilles mortes en automne.

Les rares traitements pratiqués consistent si nécessaire à du cuivre (demi-dose additionnée d’un mouillant) sur les tomates et les pommes de terre. Les auxiliaires sont abondants d’abord sur les vivaces puis les annuelles fleuries prennent le relais entre les légumes.

Les graines ne sont récoltées que sur quelques rares variétés (arroche, panais, aneth, haricot à rame, potimarron, bette à carde verte…). « Faire ses graines est un métier en soi. Il y a souvent des hybridations possibles », constate Denis Pépin.

Denis et Christine sont autosuffisants en légumes et à 50 % en fruits.  Ils disent passer très peu de temps à bêcher, désherber, arroser, traiter et avouent leur fierté d’avoir créé un jardin bien structuré, agréable, et écologique, avec de très bons résultats et des récoltes toute l’année.

Une faune bienvenue

La gestion et l’entretien des différentes parties du jardin préservent au maximum la faune auxiliaire : syrphes, chrysopes, coccinelles, micro-hyménoptères, mésanges, chauve-souris, abeilles solitaires, bourdons, mais aussi grenouilles, crapauds et tritons…

Le jardin est un sanctuaire pour tous les animaux. Il comporte de nombreuses zones refuges pour la faune : haies, paillis, prairies, mare. Des nichoirs sont installés. Des pots renversés remplis de paille, refuges pour les forficules sont suspendus dans les fruitiers.

Au fond du terrain, une prairie (pelouse laissée non tondue) accueille des herbes sauvages, jolies, peu envahissantes, ou intéressantes: lierre, centaurée, primevère, mauve, molène, digitale, marguerite, coquelicot…

La transmission des savoirs

Membre de la Société d’Horticulture d’Ille et Vilaine, journaliste (Les 4 saisons, etc), Denis Pépin et sa femme Christine ont à cœur de transmettre les savoir-faire et les expériences vécues dans le jardin. « Nous ouvrons volontiers notre jardin à des groupes de jardiniers pour des visites, où nous expliquons nos techniques de jardinage et d’entretien sans pesticides chimiques ».

Denis Pépin a aujourd’hui développé une activité de conférences grand public avec la société d’horticulture, des associations, des communes…. Pourquoi ? « Pour contribuer à développer la pratique du jardinage naturel, montrer qu’on peut jardiner sans prendre de risque pour la santé et l’environnement, sans pour autant que le jardin devienne une corvée. Pour transmettre des techniques concrètes, opérationnelles, fiables, faciles pour tous ! ».

Et, à partir de l’automne 2013, Denis et Christine organiseront des stages de jardinage biologique dans leur jardin, pour plus d’informations, rendez-vous sur Jardin des pépins.

Ses conseils

Le désherbage à l’eau chaude

Denis Pépin désherbe les pavés de la courette devant l’entrée… à l’eau bouillante. « J’ai repris une méthode de mon arrière grand-mère qui versait l’eau bouillante de cuisson de ses légumes devant sa porte. Les herbes indésirables sont cuites instantanément et la cour devant l’entrée est toujours nette.   Avec le temps, les joints peuvent accumuler de la matière organique. Tous les dix ans, il suffit de gratter entre les pavés et de recharger en sable. En France aujourd’hui les surfaces à désherber dans les jardins sont réduites. Cette méthode est donc applicable pour une majorité de jardiniers.

Pour en savoir plus sur les désherbages thermiques.

Le paillage limite le désherbage

le paillage des massifs a été fait la première année avec du paillis acheté. Aujourd’hui, le paillage des massifs d’arbustes et de vivaces est réalisé avec les déchets verts, les feuilles mortes, broyés à la tondeuse. Les massifs sont remis en ordre assez tard, en mars, au moment du démarrage et en même temps paillés et amendés avec du compost. Ceci permet de mieux préserver la faune en hiver.

Pour en savoir plus sur les paillages.

Un gazon en pleine santé

Tondre haut et favoriser la porosité du sol ! Les solutions de Denis Pépin pour avoir un beau gazon sont simples. Pour la tonte, tout le monde peut comprendre ! Pour augmenter la porosité du sol, la technique est de favoriser l’activité biologique par des apports réguliers de compost « Je donne à manger aux êtres vivants du sol et au bon moment, au printemps ou en automne, tous les 2 à 3 ans. Plus de matière organique, c’est plus de vie et moins de mousse !»

Les solutions de lutte alternative

Pour ne pas employer de produits chimiques, des techniques qui nécessitent toujours une bonne observation sont utilisées ponctuellement :

  • L’arrachage manuel des ronces, chardons et des quelques herbes indésirables permet de les maintenir sous contrôle.
  • La lutte contre les limaces se fait par piégeage avec des planches et les paillis qui abritent leurs ennemis…Le jardin est trop grand pour utiliser des anti-limaces de façon systématique…
  • Des moyens mécaniques sont privilégiés : comme l’utilisation de voiles anti-insectes contre la mouche de la carotte.
  • Au verger un programme de traitements préventif est réalisé chaque année : bouille bordelaise, huile de colza,…

Et en cas d’attaque grave ?

Du Bt (Bacillus thuringiensis) est appliqué au printemps contre les cheimatobies dont la chenille est très vorace, du pyrèthre contre les altises. Dans les fruitiers, des pièges  sexuels sont installés contre le carpocapse. L’Anthonome du pommier est surveillé par battage et si besoin traité avec du pyrèthre.

Denis Pépin a observé l’apparition nouvelle de certains prédateurs comme l’hépiale dans le potager, inconnue il y a 15 ans, les altises presque chaque printemps du fait du réchauffement climatique, des anthonomes dans le verger depuis 5 ans et des cheimatobies dans verger depuis 10 ans.

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