Les expériences du jardin des plantes de Paris : la gestion des ravageurs en milieu fermé

Les chroniques du jardin des plantes de Paris

Le Jardin des Plantes de Paris cultive ses 23,5 hectares sans pesticide depuis 2008. Pour une culture toujours plus respectueuse de l’environnement, les jardiniers testent à grande échelle, différentes techniques de jardinage. Durant 3 mois, nous avons suivi les expérimentations alternatives aux pesticides et leur efficacité. 

Ces articles ont été approuvés par le Jardin des Plantes de Paris. Nous remercions tous les jardiniers ayant partagé leurs connaissances et Jérôme Munier (chargé de communication) de nous avoir guidées.

Par ces chroniques, nous souhaitons vous apporter des appuis techniques testés par des professionnels et applicables dans les jardins des particuliers.

Cultiver des plantes sous serre, dans une véranda ou encore sous abris permet d’élargir le panel des espèces cultivées. C’est une bonne opportunité qui permet aux jardiniers passionnés ou curieux de garder des plantes qui ne sont pas adaptées aux conditions climatiques locales.

La gestion des ravageurs sous serre

Le milieu fermé permet de créer ou de maintenir des conditions climatiques relativement stables. Des ravageurs peuvent malheureusement profiter de cette stabilité, de l’humidité et de la température.

Les grandes serres du jardin des plantes de Paris n’y coupent pas, quelques insectes ravageurs comme les cochenilles à carapace, les aleurodes, les thrips ou les pucerons y causent des dégâts.

Nous nous sommes rendues en juin 2021 dans les grandes serres du jardin des plantes de Paris pour observer ce qui était mis en place pour protéger les plantes.

Grande serre du Jardin de plantes de Paris © Jardiner Autrement

Un milieu fermé favorable au développement des ravageurs

La température et l’hygrométrie subissent moins d’écarts sous serre qu’en extérieur, ce qui en fait un climat idéal pour certains ravageurs. Sous serre, les températures hivernales ne se font pas ressentir, augmentant ainsi le nombre de générations et d’individus par génération. Cela favorise leur capacité reproductive et invasive. L’absence de prédateurs naturels et l’abondance de nourriture en font un lieu idéal pour s’installer.

Il existe plusieurs voies d’entrées pour ces ravageurs. La première, et ce, de manière involontaire, provient des visiteurs. Les serres du jardin des plantes étant des lieux très fréquentés, les risques d’infection sont d’autant plus importants. La seconde correspond à l’introduction de nouvelles plantes. Ces plantes, provenant elles-mêmes de cultures sous serre, peuvent être déjà infestées et peuvent constituer le point d’entrée de nouveaux ravageurs. 

Deux types de ravageurs ont été identifiés lors de notre visite : des cochenilles et des acariens. 

Les premières sont facilement identifiables à l’œil nu. Ce sont des insectes piqueurs suceurs qui affaiblissent les plantes et provoquent souvent l’apparition de fumagine (poudre collante noire) sous les feuilles. Les cochenilles farineuses et les cochenilles à carapace sont présentes dans les serres du Jardin des Plantes. 

cochenille farineuse sur feuille
Cochenilles farineuses © Jardiner Autrement
Cochenilles à carapaces © Jardiner Autrement

Les acariens sont difficilement visibles à l’œil nu. Ce sont habituellement les dégâts qu’ils causent au niveau des feuilles qui permettent de les repérer. Les acariens phytophages se nourrissent de la sève des plantes (piqueurs-suceurs) et provoquent une décoloration du feuillage (jaunissement ou aspect aluminium).

Introduire des auxiliaires, une piste pour la lutte sous serre   

Les serres du jardin des plantes de Paris pratiquant le “Zéro Phyto”, l’utilisation des pesticides est interdite. Les produits disponibles pour lutter contre les ravageurs sont les produits de biocontrôle, les substances naturelles et les produits homologués pour l’Agriculture Biologique (AB).

La lutte biologique utilise des insectes auxiliaires comme les prédateurs et les parasitoïdes.

La régulation par les prédateurs, existante naturellement dans un écosystème, n’est pas de mise dans les serres fermées. Pour protéger au mieux les plantes, les jardiniers des grandes serres disposent d’un arsenal biologique très large pour répondre aux différentes pressions des ravageurs. Les conditions climatiques permettent de réduire les contraintes relatives aux lâchers d’auxiliaires. La serre étant un milieu fermé, cela favorise le maintien des auxiliaires.

3 auxiliaires introduits dans les grandes serres peuvent être aussi retrouvés chez les particuliers :

  • l’hymenoptère parasitoide Coccophagus: est un parasitoïde dont la femelle adulte pond à l’intérieur du corps des jeunes stades de la cochenille Lecanine
  • l’acarien Phytoseilius : les adultes se nourrissent des acariens tétranyques
  • la larve de coccinelle Scymnus : se nourrit de cochenilles Lecanine. Attention, la larve de Scymnus peut être confondue avec la cochenille farineuse.
Cochenilles Lecanines parasitées © Jardiner Autrement
Larve de coccinelle Scymus © Jardiner Autrement

La campagne de lutte biologique s’étend de mars à novembre.

Ces auxiliaires sont conditionnés sous différentes formes. Des boîtes en carton ou tubes sont à suspendre aux branches près des foyers d’infestations. Des “salières” peuvent être utilisées pour saupoudrer un mélange de support inerte souvent composé de son de céréales ou de vermiculite et de larves de l’auxiliaire sur les feuilles.

Tube contenant des auxiliaires © Jardiner Autrement

Des moyens prophylactiques à la portée de tous

La lutte prophylactique est la mise en œuvre de mesures destinées à prévenir et retarder l’installation des ravageurs et des maladies. L’observation régulière y occupe une part non négligeable. Cela permet de détecter précocement les changements physiologiques des plantes et les prémices d’infections. Elle permet de suivre l’évolution de ces symptômes et, à partir de la connaissance des seuils de nuisibilité, de décider des méthodes d’intervention les plus appropriées.

Dans les serres du jardin des Plantes de Paris, les feuilles mortes sont laissées au sol de façon à encourager et maintenir l’installation des auxiliaires. Cette pratique favorise le développement de la vie du sol.

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