Variété résistante, tolérante, sensible, rustique : quelles différences ? comment choisir ?

Depuis la suppression de l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse, le jardinier amateur doit avoir recours à des méthodes alternatives. Quelles soient génétiques, agronomiques, biologiques ou bien mécaniques, ces méthodes alternatives combinées entre elles contribuent à la protection de l’écosystème jardin.

Le choix des variétés à semer ou à planter dans votre jardin est un levier agronomique et prophylactique essentiel. En effet, les espèces potagères ou ornementales peuvent être attaquées par de nombreux bioagresseurs. Afin de limiter le recours aux produits phytosanitaires autorisés, la création de variétés résistantes et/ou tolérantes s’est largement développée depuis la fin du XXème siècle.

Les différents types de variétés

Les variétés d’une même espèce de plantes peuvent être plus ou moins sensibles face à un aléa climatique ou à une attaque de bioagresseur. On parle de variétés sensibles lorsque la plante est en incapacité de limiter le développement d’un bioagresseur. Pour le jardinier amateur, cette sensibilité se traduit par beaucoup de dégâts sur les plantes, une diminution de la récolte ainsi qu’une baisse de qualité de celle-ci.

Les variétés rustiques

Chez les végétaux, la rusticité est caractérisée par la capacité d’une plante à résister à de faible température (généralement en dessous de 0°C). Ainsi, il existe plusieurs niveaux de rusticité, une plante est dite très rustique si elle survit sans dommage à des températures inférieures à – 15°C ; à l’inverse, une plante est faiblement rustique si elle ne résiste pas à des températures en-dessous de -5°C.  Il est à noter que la rusticité est un indicateur pouvant varier. En effet, elle est liée à de nombreux facteurs tels que l’exposition, l’emplacement, l’humidité, la prise au vent, etc. C’est pourquoi le jardinier doit prendre connaissance de la zone climatique dans laquelle se situe son jardin.

Carte géoclimatique de la France

Les variétés tolérantes

Une variété tolérante « supporte le développement d’un bioagresseur sans que les désordres occasionnés compromettent sa croissance ou sa production » (définition du Groupement national interprofessionnel des semences et plants GNIS). Une variété tolérante reste vulnérable et sensible à un pathogène ou à un stress, mais sans que cela n’impacte son développement. Lors d’une attaque virulente, des symptômes peuvent s’exprimer sur la plante, mais ceux-ci non pas d’effets néfastes significatifs.

Certaines variétés se révèlent moins sensibles à un bioagresseur en raison de leur morphologie ou de leur physiologie. Ainsi, le développement d’un bioagresseur peut être empêché ou limité via le renforcement de tissus végétaux, la pilosité des feuilles et des tiges, l’odeur de la plante, etc.

L’architecture et la morphologie générale d’une plante est à la fois fonction de la génétique et de la conduite culturales (taille, densité de plantation). En effet, un feuillage aéré défavorisera l’installation de maladies.

Les variétés résistantes

Une variété résistante « se protège en réagissant contre ce qui la détruit (parasite, maladie, etc.) » (définition du GNIS). Une variété résistante a la capacité de bloquer le développement d’un pathogène. Cette caractéristique est due à l’activation de gènes de résistance propres à chaque variété.

D’un point de vu génétique, il existe deux types de résistance :

La résistance monogénique

Cette résistance est liée à un seul gène, c’est pourquoi elle est dite totale ou spécifique. Elle peut être très efficace si la rotation  des cultures est bien appliquée.

La résistance polygénique

Cette résistance est liée à plusieurs gènes. Elle n’apporte pas une protection totale contre le bioagresseur, mais ralentit fortement la progression de celui-ci. Des symptômes peuvent apparaitre, mais nettement moins virulents que sur une variété sensible.

Cas des contournements des résistances par les bioagresseurs

Les résistances variétales peuvent parfois être contournées par les populations de bioagresseurs grâce à des mécanismes de biologie évolutive. En effet, par des processus génétiques une sélection de souche de bioagresseurs s’adapte aux variétés résistantes leur proférant ainsi une capacité de survie. Ce contournement se fait plus ou moins rapidement, il est cependant accéléré lorsque les variétés sont implantées massivement et répétitivement sur un territoire. Ainsi on observe au cours du temps une baisse d’efficacité des variétés résistantes.

Dans le cas des résistances monogéniques (liées à un seul gène) le contournement de la résistance par le bioagresseur peut se faire très rapidement en cas de monoculture répétitive d’une variété au sein d’une même espèce. À l’inverse, une résistance polygénique (liée à plusieurs gènes) est plus difficile à contourner par les pathogènes qui doivent être porteurs de plusieurs mutations pour contourner chaque facteur de résistance.

Dans le cas des variétés tolérantes, celle-ci peuvent supporter plusieurs souches de pathogènes. Ainsi, les bioagresseurs ne sont pas soumis à une pression de sélection unique ce qui évite des phénomènes de contournement de la tolérance par le bioagresseur.

Le raisonnement à adopter lors du choix variétal

Le choix d’une variété tolérante ou résistante à un pathogène doit se faire en tenant compte de la situation du jardin. Il est important de choisir des variétés adaptées au sol, au climat local, à l’exposition.

Il est à noter que les résistances ont été beaucoup plus développées chez les espèces potagères que chez les espèces ornementales (Jardins de France n°642 Juillet-Août 2016).

De plus, les informations concernant la tolérance et/ou la résistance des variétés sont rarement indiquées lors de l’achat de plants ou de graines. Cependant, n’hésitez pas à solliciter vos fournisseurs qui peuvent vous conseiller ou vous orienter. Concernant les plants d’échalote, d’ail, de pomme de terre, le jardinier amateur peut se tourner vers les plants certifiés. Cette certification garantit que les plants sont indemnes de maladies et d’insectes. Pour tenir compte de la résistance ou de la tolérance des plants certifiés, il convient de se renseigner soit auprès du fournisseur soit en consultant les fiches descriptives des plants.

La connaissance des variétés en matière de résistance, tolérance et sensibilité vis-à-vis d’un bioagresseur est très importante, car le choix variétal peut être combiné avec des méthodes de biocontrôle. Il est aussi important de prendre en compte les phénomènes de contournement de résistance par un bioagresseur sur une variété donnée. C’est pourquoi il est recommandé pour une même espèce d’utiliser des variétés différentes et d’appliquer la rotation des cultures au sein du jardin.

Mélange variétal de laitue © Michel Javoy : ces trois variétés de laitues possèdent des résistances génétiques différentes aux nombreuses souches du mildiou de la laitue (Bremia lactucae) Leur juxtaposition est la meilleure garantie de limitation de la survenue de la maladie.

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