Les vers de terre


Carte d'identité

Vers de terre commun (Joseph Berger)

140 espèces de vers de terre sont présentes en France. Ils sont indispensables à la vie du sol et participent à la qualité de sa structure. Les vers de terre constituent la première biomasse animale terrestre. On en trouve en

Etat des galeries un mois après compaction : à gauche : témoin non compacté; à droite passage de roue d’un tracteur (INRA)

moyenne 1 tonne par hectare mais jusqu’à quatre fois plus selon les conditions du milieu, soit de 100 à 400 individus par mètre carré. Leur nombre peut chuter de manière importante si le sol est très piétiné (compacté).

Les vers de terre sont considérés comme des « ingénieurs de l’écosystème » ou « espèces clé de voûte ». D’après les conclusions du Millenium Ecosystem Assessment en 2005, les vers de terre jouent le rôle de catalyseurs des deux principaux services écosystémiques qui conditionnent les autres : la formation du sol (étudiée par Charles Darwin en 1881) et le cycle des nutriments. Leurs contributions sur l’écosystème sont considérables car elles concernent aussi le développement de la structure du sol, la régulation de l’eau et du climat et enfin la remédiation à certaines pollutions (Blouin et al., 2013).

Un proverbe paysan : « Dieu sait comment s’obtient la fertilité de la terre, il en a confié le secret aux vers de terre ».

Les vers de terre peuvent ingérer et digérer et brasser la totalité de la terre arable d’un hectare en cinquante ans; ils rejetteraient ainsi entre 40 et 120 tonnes de turricules par hectare et par an! (Ménard, 2005).  Les vers de terre entretiennent la vie microbienne du sol et donc indirectement la fertilité.

Les différents vers de terre se différencient par leur taille (de 10 à 30 cm), leur couleur (rosé à marron), leur mobilité et leur longévité (de 2 à 15 ans) mais aussi par leur alimentation. Selon leur nourriture, les vers se

Observation 3D d’un réseau de galeries par tomographie aux rayons X (© G. Pérès)

retrouvent à différents endroits dans le sol.

En réalité l’appellation ver de terre regroupe trois catégories distinctes. Les vers de surface, comme le ver du fumier (Eisenia foetida) qui est rouge tigré de gris ou de jaune. Ces vers, appelés « épigés », sont petits et fins (5 à 10 cm) et vivent dans la litière à la surface du sol. Les vers anéciques (pouvant atteindre jusqu’à un mètre), comme le lombric terrestre (Lumbricus terrestris), sortent quant à eux de la terre pour chercher de la nourriture et l’enfouir dans le sol, grâce à leurs grandes galeries verticales, laissant derrière eux des tortillons caractéristiques : les turricules. Les vers « endogés » creusent quant à eux des galeries horizontales dans les profondeurs du sol. On rencontre à ces profondeurs Aporrectodea caliginosa par exemple.

Dépourvus de pattes, les vers de terre sont composés d’anneaux successifs leur permettant de se déplacer.

Les vers de terre sont hermaphrodites (à la fois mâle et femelle) et se reproduisent durant l’hiver en pondant leurs œufs dans les galeries qu’ils creusent ou à la surface du sol. La plupart d’entre eux a besoin de s’accoupler

Vers de terre commun (© Joseph Berger)

avec un individu de la même espèce.

Ils se nourrissent de matières organiques en décomposition ou de terre mélangée à de la matière organique du printemps à l’automne. Les matières ingurgitées sont broyées en particules fines grâce à leur système digestif. Les vers de terre remplissent plusieurs fonctions : ils améliorent l’aération, la structure et la stabilité du sol et permettent une meilleure disponibilité des nutriments répartis dans les différentes couches du sol.

Ils sont la proie de nombreux animaux comme les carabes, les hérissons, les merles ou encore les taupes mais aussi les poules.

  • Évitez d’utiliser des produits chimiques et adoptez des méthodes respectueuses de l’environnement.
  • Préférez travailler votre sol sans retournement, soit avec une fourche-bêche ou une grelinette afin d’éviter de broyer les vers de terre. Le labour et le bêchage sont en effet à l’origine de la réduction du nombre de vers de terre et de la destruction des œufs et des jeunes se retrouvant en surface.
  • Paillez pour apporter de la matière organique ou laissez les feuilles mortes en surface car un couvert végétal hivernal permet de maintenir l’activité des vers à cette période de l’année.
  • Installez un compost dans lequel les vers de surface se développeront.
  • Évitez de trop compacter le sol ou de travailler en conditions très humides.

Télécharger la fiche technique : Les vers de terre (pdf). 

Bibliographie :

Blouin, M., Hodson, M.E., Delgado, E.A., Baker, G., Brussaard, L., Butt, K.R., Dai, J., Dendooven, L., Peres, G., Tondoh, J.E., et al. (2013). A review of earthworm impact on soil function and ecosystem services: Earthworm impact on ecosystem services. Eur. J. Soil Sci. 64, 161–182.

Ménard, O. (2005). Les ouvriers du sol et les pratiques agricoles de conservation. In Colloque en Agroenvironnement:«des outils d’intervention à notre échelle». Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, Québec(p. 6).

Liens utiles : 

Sciences participatives : Observatoire Participatif des Vers de Terre (OPVT)

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Vidéo :

Le premier volet d’une conversation avec Michel Bouché : jardinier, puis chercheur et directeur de recherche. Michel Bouché est un spécialiste des vers de terre.

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