La maîtrise de la situation sanitaire sous la serre

La barrière constituée par la paroi de la serre, isolant partiellement de l’extérieur, et l’exploitation d’une enceinte semi fermée entraînent des modifications dans la survenue et le développement des bioagresseurs des plantes. Certaines sont positives, d’autres à effet négatif. Il est important de les connaître pour adapter au mieux la conduite microclimatique de la serre et la protection sanitaire des plantes.

Les effets sur les ravageurs (insectes et acariens)

Au printemps, lorsque l’aération est peu importante, le rôle barrière de la paroi peut retarder les attaques précoces de bioagresseurs en provenance de l’extérieur, mais il faut être prudent car le rôle barrière s’exerce aussi, sur les auxiliaires du jardin (prédateurs ou parasitoïdes). En revanche, cet effet paroi rend plus efficace les lâchers d’auxiliaires introduits à partir d’élevage.

Globalement l’augmentation de la température moyenne journalière, essentiellement due à la forte hausse des températures de jour, accélère le cycle de développement et de reproduction des ravageurs ; allant jusqu’à procurer un nombre de générations supérieur à celui observé à l’extérieur voire permettre des activités des bioagresseurs sur la totalité de l’année.

En début de saison, les premières contaminations dépendent beaucoup de la conservation éventuelle de ravageurs issus des formes hivernantes de la saison précédente. Il est donc très important, en fin de saison, de nettoyer le mieux possible la serre en éliminant les débris végétaux, en s’assurant du bon état sanitaire des plantes réservées à la conservation hivernale et d’éliminer les adventices, bois, cartons inutiles…

Dans le cas de souci parasitaire, il est important de réaliser « une étuve sanitaire ». En automne, la serre est vidée, lors de journées encore chaudes.

Serre dans un jardin de particulier, Alpes Maritimes

Ensuite la serre est fermée afin de monter la température ambiante favorable à l’élimination des parasites encore présents. Pour favoriser la montée en température du sol, il est possible de renforcer l’effet de serre, par la pose au sol d’une bâche plastique transparente (surtout pas une bâche noire). Si nécessaire le sol doit être humidifié en profondeur pour favoriser une bonne transmission de la chaleur dans le volume du sol. Cependant, l’application de cette technique de montée en température intérieure de la serre n’est pas sans risque pour les installations internes de la serre ; en particulier les rampes d’arrosages en plastique qui risquent de se déformer sous l’effet de la chaleur.

Les effets sur les maladies des parties aériennes (champignons et bactéries essentiellement)

Globalement, la maîtrise du microclimat de la serre, quand elle est bien conduite, réduit les risques de survenue et de développement des maladies sur les parties aériennes des végétaux. L’aération est primordiale pour limiter les problèmes fongiques.

L’absence de pluie, la maîtrise des irrigations et de l’hygrométrie ambiante freinent le développement des maladies fongiques. Le meilleur exemple est le mildiou de la tomate. A contre-exemple, le développement de l’oïdium, notamment sur les cucurbitacées, peut se trouver exacerbé par des effets de courant d’air à l’intérieur de la serre. Le contrôle du Botrytis (pourriture grise), susceptible d’attaquer toutes les plantes, est étroitement dépendant de la bonne conduite de l’hygrométrie à l’intérieur de la serre.

Les effets sur les maladies racinaires des plantes

Compte tenu de la position fixe de la serre, de sa faible surface et du nombre réduit d’espèces dont la culture sous serre présente un réel intérêt ; les possibilités de rotations seront, en règle générale, plus restreinte qu’en plein-air. Il en découle un risque accru de développement de maladies racinaires (aussi appelées maladies telluriques) à partir de forme de conservation des champignons et des bactéries dans le sol. On peut citer les sclérotinioses de nombreuses plantes, la maladie des racines liégeuses de la tomate (Corky-root) le Phomopsis des racines du concombre. La meilleure manière de palier ce risque consiste à utiliser, pour les espèces ou cela est possible, des plants greffés sur des porte-greffe résistants aux maladies.

Article rédigé par Michel Javoy & Maryse Friot

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