Les pollinisateurs

Le vaste monde des pollinisateurs

Une partie des informations contenue dans cet article est issue du MOOC Pollinisateurs édité par Tela Botanica en 2023.

Les insectes pollinisateurs sont un maillon essentiel de l’écosystème. De nombreuses plantes dépendent de la pollinisation pour se reproduire. En métropole, cette pollinisation est assurée principalement par 4 grandes familles d’insectes.

Papillon citron butinant une fleur

Les 4 principaux groupes d’insectes pollinisateurs

Les lépidoptères, caractéristiques et habitats :

Bien connus du grand public, les papillons sont facilement reconnaissables sous leur forme adulte, Une grande diversité d’espèces dont certaines se déplacent de nuit et d’autres de jour. Les papillons ont les ailes recouvertes d’écailles, deux antennes et une trompe, la tête et le corps sont recouverts de poils. Les papillons de nuit forment 95% des espèces de papillons en France. La chenille, correspondant au stade larvaire, est phytophage. Les adultes se nourrissent du nectar. Si la majorité des chenilles se nourrit en fin de journée, voire durant la nuit, la période de vol des adultes est caractéristique de l’espèce à laquelle il appartient. Les papillons accomplissent leur rôle de pollinisateur en transportant le pollen grâce aux poils recouvrant la tête et le corps. De nombreuses espèces sont inféodées à une plante-hôte. Il en résulte une grande fragilité face à la destruction des milieux naturels de ces plantes et au manque de disponibilité de ressources trophiques.

Les papillons ont coévolué avec les plantes. Leur trompe leur permet d’atteindre le fond de certaines fleurs en forme de tubes. L’activité de recherche de nectar de certaines espèces coïncide avec la production de nectar et l’ouverture de la fleur. Exemple avec des papillons de la famille des Noctuelles attirés par le nectar du Silène coloré. Ces adaptations permettent d’optimiser l’alimentation des papillons et d’assurer la pollinisation des plantes.

Les papillons pondent sur ou à proximité des espèces végétales dont se nourriront leurs chenilles. Les œufs peuvent être pondus en groupe ou individuellement. Les Lépidoptères passent l’essentiel de leur vie sous la forme larvaire.

Les diptères, caractéristiques et habitats

Les diptères sont des insectes dont les adultes ont une paire d’ailes et 2 micro-balanciers (évolution de la deuxième paire d’ailes). Leurs yeux sont proéminents et sont souvent situés sur le dessus de la tête. Cette famille comprend environ 9000 espèces en France métropolitaine. Pour se protéger des prédateurs, certains diptères présentent des caractères physiques similaires aux abeilles et aux guêpes (rayures, poils).

Les syrphes appartiennent à l’une des 150 familles de diptères. Leur corps est rayé de jaune et de noir et peut se confondre avec les guêpes, si ce n’est leur vol stationnaire qui permet de les différencier rapidement. Les syrphes sont d’excellents pollinisateurs et leurs larves de précieuses auxiliaires pour le jardinier, car celles-ci se nourrissent de pucerons. Ce ne sont pas les seuls diptères pollinisateurs, certaines espèces de mouches butinent le nectar et transportent les grains de pollen sur leur corps recouvert de poils (exemple avec le bombyle).

Dans les zones géographiques où le climat est plus froid (en altitude ou dans les hautes latitudes), la pollinisation est en majorité réalisée par les mouches. Les mouches ne construisent pas de nid pour leurs larves contrairement aux hyménoptères. Les petites fleurs sont en particulier pollinisées par les diptères.

Empis decora - (c)Brigitte (galerie-insecte.org)
Empis decora - (c)Brigitte (galerie-insecte.org)

Les coléoptères, caractéristiques et habitats :

Les coléoptères sont des insectes ayant une paire d’ailes colorée et épaisse protégeant une paire d’ailes fines. Ils ont sur la tête des yeux composés ainsi que des antennes de différentes formes. La forme de leur corps est bien caractéristique de cet ordre, la couleur ainsi que la taille est très variable. Suivant les espèces, les Coléoptères se nourrissent de plantes, de matières organiques, de fleurs ou encore d’autres insectes ou mollusques.
Cet ordre comprend un très grand nombre d’espèces, on y retrouve les scarabées, les coccinelles et les carabes bien connus des jardiniers. Une partie de ces espèces sont de très bons auxiliaires pour le jardinier en régulant les populations d’escargots ou de pucerons. D’autres sont considérées comme ravageurs. Les larves et les adultes peuvent avoir ou non le même régime alimentaire. La confusion entre les larves de hannetons et de cétoines est courante. Alors que celle du hanneton se nourrit de racines de plantes, celle de la cétoine est un décomposeur, souvent retrouvée dans les tas de compost.

Les espèces participant à la pollinisation sont celles se nourrissant de fleurs. Ils transportent moins de pollen que les diptères et les hyménoptères, mais ont un rôle de pollinisateurs, notamment pour les arbres. Les larves des coléoptères jouent un rôle important dans le cycle de décomposition de la matière organique, que ce soit le bois mort, les plantes en décomposition ou encore le recyclage des excréments.

Les hyménoptères, caractéristiques et habitats :

Les hyménoptères ont 2 paires d’ailes, des yeux écartés et des antennes assez longues, ainsi qu’une taille très marquée (taille de guêpe). Dans cette famille, on retrouve les guêpes, les abeilles et les bourdons principalement, mais aussi les fourmis… plus de 8000 espèces ont été décrites en métropole. Les insectes de cette famille volent et visitent les fleurs essentiellement durant les périodes chaudes. La plupart des hyménoptères adultes se nourrissent du nectar et récoltent le pollen pour nourrir leurs larves. Il existe bien sûr des exceptions, notamment chez les hyménoptères parasitoïdes, précieux auxiliaires du jardinier.
Sous le terme “abeilles”, 1000 espèces ont été décrites en France métropolitaine dont l’espèce Apis mellifera (l’abeille domestique) fait partie. Les abeilles adultes se nourrissent du nectar des plantes et collectent le pollen pour nourrir leurs larves. Les bourdons pollinisent plus tôt dans la saison de nombreuses espèces potagères et fruitières, car leur sortie est plus précoce que celle des abeilles. De même, l’exigence en intensité lumineuse du bourdon qui régit son activité est plus faible que celle des abeilles. Les bourdons peuvent sortir et voler sous un ciel très couvert alors que les abeilles ne sortent pas.
Les habitats sont très variables, hormis l’abeille domestique, peu d’espèces vivent en colonies.
Les Osmies, familières grâce à l’engouement des hôtels à insectes, ont besoin d’un trou, qu’elles bouchent avec de la terre pour protéger leur ponte. D’autres abeilles ont besoin d’un tas de sable ou encore découpent des disques dans des feuilles pour former des tubes et y pondre leurs œufs.
Bourdon butinant une fleur
Bourdon butinant une fleur

Les pressions subies par les insectes pollinisateurs

Les populations d’insectes sont en déclin depuis de nombreuses années et les causes de ce déclin font désormais l’objet d’études scientifiques. Les principales causes sont la diminution des habitats naturels et de la flore sauvage, les effets des produits phytosanitaires conventionnels. Les maladies, parasites et prédateurs nouvellement importés ont aussi de fortes répercussions sur ces populations. Pour lutter contre ce déclin, le ministère de l’Agriculture a lancé, en 2021, le Plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation 2021-2026.

Comment protéger cette biodiversité ?

Les pollinisateurs sont un maillon essentiel dans l’écosystème. Pour agir en faveur de ces insectes dans son jardin, il est important de proposer des zones qui seront favorables à leur installation et à leur maintien sur une longue durée afin de ne pas perturber les cycles de développement.
Des habitats et zones de refuges multiples : tas de bois, tas de pierres, tiges, sable, terre qui ne seront ni déplacés, ni piétinés. En effet, 70% des abeilles sauvages nichent dans le sol.
Fournir des sources de nourritures très variées, en laissant s’installer des espèces sauvages locales grâce à des zones de friche ou des zones tondues très tardivement. Certaines espèces végétales nécessitent plusieurs années de friche pour se réinstaller dans les milieux fortement anthropisés.
Proposer aussi des points d’eau avec des abreuvoirs ou, de manière plus pérenne, des petites mares ou zones humides qui permettront de combler les besoins des insectes, mais aussi des oiseaux et amphibiens.

Favoriser l'abeille domestique, une bonne idée ?

Saviez-vous qu’il existe une concurrence entre les abeilles sauvages et l’abeille domestique ? Au cours des dernières années, le nombre de ruches installées, en particulier dans les villes a augmenté fortement, en lien avec les évolutions de perception de la nature en ville. Cette solution est néanmoins peu satisfaisante, car il a été démontré que pollinisateurs sauvages et abeilles domestiques cohabitaient mal et un impact sur les visites des fleurs par les pollinisateurs sauvages a été observé. Bien que l’abeille domestique subisse également les nombreuses pressions anthropiques (produits phytosanitaires, urbanisation, maladies et ravageurs), un équilibre est à trouver pour ne pas nuire à la préservation des pollinisateurs sauvages.

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