Vocabulaire

Quelles sont les différences entre biocontrôle, lutte biologique et protection biologique intégrée ? ll n’est pas toujours facile de s’y retrouver entre ces différents termes ! Voici quelques précisions et définitions pour vous aider à mieux comprendre.
En bref, on peut retenir que pour chaque méthode, c’est la liste des outils utilisables qui diffère.

La protection intégrée

Utilisation d’un piège à phéromones dans un verger
Utilisation d’un piège à phéromones dans un verger.

La protection intégrée est la définition la plus large. Elle désigne un système de lutte contre des organismes nuisibles qui utilise un ensemble de méthodes (méthodes culturales, lutte biologique, lutte chimique…) satisfaisant à des exigences à la fois économiques, écologiques et toxicologiques.

Le biocontrôle

Le biocontrôle est un ensemble d’outils utilisables pour la protection intégrée. Il repose sur l’utilisation des mécanismes régissant les interactions entre les espèces dans le milieu naturel.

Il compte 4 types d’outils : les macroorganismes invertébrés (insectes, nématodes…), les micro-organismes (virus, bactéries…), les médiateurs chimiques (phéromones…) et les substances naturelles.

La lutte biologique

La définition de l’OILB (Organisation Internationale de Lutte Biologique, 1971) est la suivante : « L’utilisation d’organismes vivants ou de leurs produits pour prévenir ou réduire les dégâts causés par les ravageurs aux productions végétales. »

La lutte biologique consiste à favoriser, voire à introduire dans les cultures les ennemis naturels des ravageurs appelés « auxiliaires biologiques ». Bactéries, insectes, acariens ou nématodes, ils agissent en dévorant ou en parasitant le ravageur, ses larves ou ses œufs. Par exemple, la larve de coccinelle est un auxiliaire très efficace au service du jardinier. Elle mange les pucerons qui sucent la sève des plantes. Utilisés par les horticulteurs professionnels, les auxiliaires sont aussi mis à disposition des jardiniers amateurs, vendus dans les points de vente spécialisés ou par correspondance.

Les auxiliaires sont introduits à proximité des ravageurs, afin qu’ils puissent s’établir et se multiplier. Il faut que l’équilibre se crée entre la population d’auxiliaires et de ravageurs. Si le jardinier utilise des pesticides pour détruire les ravageurs, il peut détruire les auxiliaires soit directement par le produit utilisé, soit indirectement en affamant les auxiliaires puisque leur nourriture est détruite momentanément.

Biocontrôle et lutte biologique sont parfois utilisés comme des synonymes car les deux font appel à des auxiliaires naturels pour combattre un bioagresseur. Cependant :

  • Contrairement au biocontrôle, la lutte biologique n’inclut pas l’utilisation des phéromones de synthèse ou de substances naturelles d’origine minérale.
  • De son côté, le biocontrôle n’intègre pas les vertébrés considérés comme un outil pour la lutte biologique.

Stratégie de lutte biologique

Dans la lutte biologique recourant aux macro-organismes, les auxiliaires peuvent être introduits de différentes manières selon l’origine du bioagresseur, la gravité de l’attaque, la rapidité et la durée d’action que l’on souhaite obtenir ou encore le milieu d’intervention (intérieur ou extérieur).

La lutte biologique par acclimatation

Lorsque l’organisme est introduit là où il n’est pas naturellement présent puis peut s’installer et perdurer dans le milieu, il s’agit de lutte biologique par acclimation.

C’est cette méthode qui a été utilisée pour la première expérience de lutte biologique moderne, au XIXe siècle, pour lutter contre la cochenille australienne Icerya purchasi introduite aux Etats-Unis. Les attaques très importantes de ce ravageur, en l’absence de ses prédateurs naturels, furent stoppées en quelques années grâce à l’introduction de la coccinelle Rodolia cardinalis. Cette coccinelle est un prédateur naturel de la cochenille dans son pays d’origine et a donc été rapportée d’Australie pour remplir ce rôle aux Etats-Unis. Les introductions se font après de nombreux tests en laboratoires afin de s’assurer que l’espèce introduite ne devienne pas envahissante. Depuis plusieurs années, de telles introductions sont soumises à autorisation.

La lutte biologique par augmentation

Lorsque l’organisme auxiliaire est élevé puis lâché pour contrôler une population d’un ravageur, on parle de lutte biologique par augmentation. Il peut s’agir de lâchers précoces pour renforcer la présence des auxiliaires (lâchers inoculatifs) ou de lâchers en grandes quantités pour combattre une pullulation (lâchers inondatifs).

Cette méthode peut s’utiliser sous abri (par exemple l’acarien prédateur Phytoseiulus persimilis contre les tétranyques tisserands) mais aussi en extérieur (utilisation de la coccinelle de Montrouzier contre des cochenilles en intérieur et en extérieur).

La lutte biologique par conservation

Lorsque l’auxiliaire est naturellement présent et que l’on favorise son installation par l’implantation d’un milieu favorable (haies, bandes fleuries, abris…) on parle de lutte biologique par conservation.

Cette technique est facilement applicable dans les jardins d’amateurs ou autour de parcelles cultivées grâce à la conservation de bande fleuries, de haies variées, etc. qui fournissent nourriture et abris à des auxiliaires tels que chrysopes, carabes, oiseaux… Elle permet d’augmenter le nombre d’auxiliaires présents et de les attirer tôt dans la saison pour un contrôle précoce des ravageurs.

La protection biologique intégrée

La protection biologique intégrée résulte de la combinaison de la lutte biologique et de la protection intégrée. La PBI est donc une démarche de protection combinant toutes les techniques disponibles issues de méthodes de contrôle, si possible biologique.

Comment utiliser aux mieux les auxiliaires biologiques?

Les auxiliaires utilisés dans la lutte biologique active sont soit des auxiliaires indigènes multipliés en grande quantité par élevage, soit originaires d’autres pays pour lutter contre des ravageurs issus des mêmes régions. Les auxiliaires sont introduits là où sévit l’indésirable, à charge pour eux de s’établir et de se multiplier.

En voici quelques exemples :

Auxiliaire biologique Efficace contre
coccinelles pucerons, cochenilles
chrysope Chrysopa carnea pucerons, thrips
syrphe Epistrophe balteata pucerons
nématode Heterorhabditis megidis otiorhynques
guêpe Encarsia formosa aleurodes
guêpe Leptomastix dactylopii cochenilles farineuses
acarien Amblyseius cucumeris thrips
bactérie Bacillus thuringiensis chenilles, noctuelles

Utilisés en serres par les horticulteurs professionnels, ils sont aussi mis à disposition des jardiniers amateurs dans les points de vente spécialisés ou par correspondance (sur catalogues ou sites internet).

  • observer quotidiennement son jardin afin d’agir dès les premiers signes d’agression de ses cultures par des ravageurs ou maladies,
  • identifier le type de ravageur ou maladie pour apporter le bon auxiliaire,
  • surveiller son jardin pour voir si les auxiliaires parviennent à contrôler l’infestation.

Des effets parfois indésirables

L’introduction d’auxiliaires exogènes à peut poser des problèmes. C’est le cas par exemple de l’introduction de la coccinelle asiatique qui tend à supplanter la coccinelle à 7 points. Il faut donc rester attentif.

Il est donc préférable de créer les conditions propice de l’implantation d’auxiliaires indigènes, adaptés au milieu et spécifiques des ravageurs des cultures. Une importante biodiversité cultivée et l’implantation de haies variées sont deux pratiques particulièrement efficace pour pérenniser les auxiliaires du jardinier.

La lutte biologique nécessite une certaine tolérance

Il faut également accepter quelques pertes minimes, mais inévitables, dans vos cultures. Ne cherchez pas à obtenir un jardin parfaitement propre et sain! Laissez faire la nature et intervenez en cas de besoin par des moyens naturels, votre jardin ne s’en portera que mieux.

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