Les macro-organismes

Les insectes constituent probablement les outils de biocontrôle les plus connus. On peut citer en exemple l’utilisation de la coccinelle asiatique Harmonia axyridis, auxiliaire très efficace hélas devenu envahissant. Mais il existe un très grand nombre d’insectes, y compris indigènes, qui vous permettent de réguler les attaques de ravageurs variés.

Que regroupe-t-on dans les macro-organismes ?

Les macro-organismes ne se limitent pas aux insectes : ils incluent également des araignées, des acariens ou des vertébrés comme les oiseaux insectivores, les musaraignes ou les hérissons qui se nourrissent entre autres de limaces et d’escargots.

Ces auxiliaires régulent les populations de ravageurs selon différents mécanismes. Découvrez quelques termes de vocabulaire pour devenir un as de la lutte biologique.

Les macro-organismes prédateurs

Coccinelle
Coccinelle adulte à proximité d’une colonie de puceron

Première grande catégorie : les prédateurs. Ils se nourrissent de leur proie et lorsqu’il s’agit de ravageurs, ils rendent alors service au jardinier.

Une espèce est dite prédatrice lorsqu’elle consomme directement ses proies. Selon le prédateur, le nombre d’espèces de proies peut être plus ou moins important et certains pratiquent même le cannibalisme.

Le carabe s’attaque par exemple à de nombreuses proies (insectes, mollusques…). Il existe également certaines espèces qui changent de régime alimentaire au cours des différentes phases de leur développement, par exemple les syrphes dont seules les larves sont prédatrices.

Avantages et inconvénients

L’utilisation de prédateurs présente plusieurs avantages : ils peuvent avoir une action rapide sur la population de ravageurs et exercer un contrôle durable si les conditions leurs permettent de s’installer sur place. Cependant, il se peut également qu’ils émigrent s’ils ne trouvent pas suffisamment de proies ou encore qu’ils s’attaquent à d’autres espèces utiles.

De plus lorsque ceux-ci sont achetés, la qualité du conditionnement et les conditions de transport, si elles ne sont pas optimales, peuvent nuire à leur survie.

Tous les auxiliaires ne sont pas des prédateurs qui attaquent et consomment leurs proies, certains s’en servent pour leur développement : ce sont les parasitoïdes.

Parasitoïdes, késako ?

ichneumon pondant dans une larve de tenthrede (c) Gilles Carcasses
ichneumon pondant dans une larve de tenthrede (c) Gilles Carcasses

Autre mode de vie : les parasitoïdes, ces auxiliaires-là savent se servir de leurs hôtes pour leur propre bénéfice, les gardant en vie tant qu’ils en ont besoin avant de causer leur mort.

Plus précisément, le terme « parasitoïde » désigne une espèce qui réalise une partie de son développement aux dépens d’un hôte, conduisant ensuite à sa mort. Au stade adulte, il n’y a plus de parasitisme, seuls les stades immatures sont parasites. En pratique, l’adulte pond sur ou dans l’hôte. La larve se développe ensuite en se nourrissant de l’hôte jusqu’à son émergence et la mort de cet hôte.

Il en existe de très nombreuses espèces, dont l’hôte est souvent très spécifique. Plusieurs de ces espèces sont commercialisées pour lutter notamment contre des pucerons, des chenilles, des cochenilles ou les aleurodes, d’autres sont présentes naturellement dans les jardins. Les plus utilisées en lutte biologique font partie de l’ordre des Hyménoptères.

Avantages et inconvénients

L’avantage de l’utilisation d’un parasitoïde est lié à sa grande spécificité qui permet ainsi une grande sécurité d’utilisation, même lorsqu’il s’agit d’un organisme introduit.

Cette spécificité assure également l’efficacité contre le ravageur puisqu’il sera le seul hôte de l’auxiliaire parasitoïde.

Cependant cela implique également qu’il faille bien identifier le ravageur à contrôler, et que sa totale disparition entraînerait également la disparition du parasitoïde. D’autre part, l’introduction de celui-ci doit être suffisamment précoce pour un contrôle efficace du ravageur.

Prédation et parasitisme, en conduisant à la mort de l’hôte, participent donc à la régulation de la population. Mais d’autres mécanismes de régulation des populations entrent en jeu, comme la compétition pour les ressources alimentaires.

Les nématodes

Bien que de taille microscopique, les nématodes ne sont pas à proprement parler des micro-organismes. Il en existe de très nombreuses espèces dont certaines sont utiles au jardin.

Les nématodes, des vers parasites

Les nématodes sont une exception parmi les organismes microscopiques utilisés en lutte biologique : ils ne sont pas, en effet, pour la plupart, des agents pathogènes mais des parasites. Il en existe de très nombreuses espèces : certaines causent des dommages aux cultures ou parasitent des animaux alors que d’autres sont des auxiliaires en s’attaquant à des ravageurs des cultures.

Les nématodes auxiliaires

Plusieurs genres sont commercialisés par exemple pour lutter contre les larves d’otiorhynques ou contre les limaces. Leur application demande certaines précautions car pour une bonne efficacité le sol doit être à une température permettant le développement de ces nématodes.

Règlementation

Contrairement aux autres produits de biocontrôle, les macro-organismes ne sont pas considérés comme des produits de protection des cultures au sens des règlements concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques. Ils ne suivent donc pas le parcours habituel des autres produits de protection des cultures et ne sont ni soumis au processus d’approbation de l’Union Européenne ni soumis au dispositif d’Autorisation de Mise sur le Marché. Le décret n°2012-140 du 30/01/2012 réglemente cependant l’introduction de macro-organismes non indigènes utiles en protection des végétaux car ils pourraient nuire à l’environnement. En effet, certaines espèces exotiques se sont révélées invasives après introduction, par exemple la coccinelle asiatique Harmonia axyridis.

L’arrêté du 26 février 2015 établit la liste des macro-organismes non indigènes utiles aux végétaux, notamment dans le cadre de la lutte biologique.

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