Lauréat 2013: le jardin de Bernard Patry à Pisany (17)

Portrait de jardiniers

L’heure de la retraite ayant sonné, Bernard Patry s’est lancé à 100% dans l’aménagement du site. « J’ai longtemps aidé au jardin mes parents qui étaient agriculteurs. Pourtant je voulais faire différemment. Eux faisaient le potager pour manger.  Ma mère faisait tous les ans ses 110 bocaux de haricots verts.

1-bd-et-sylvie-patry

Ici, nous voulions aussi faire un jardin pour le plaisir et pour que ce soit joli… ! Alors on s’est beaucoup documentés. Nous sommes en permanence  en réflexion pour savoir comment on peut améliorer… Maintenant je cherche surtout à avoir un jardin agréable et beau sans passer trop de temps. »

La division du travail est aujourd’hui bien établie : Sylvie qui est encore en activité tond, désherbe et entretient les plates-bandes fleuries, Bernard cultive le potager, aménage, construit etc… Tous deux partagent leur passion pour la nature, la faune, la flore.

Plus qu’un jardin, Bernard et Sylvie ont su instaurer un dialogue avec la nature environnante, potager, verger, plantation et sous-bois…

Leur vision du jardin

La passion du verger

Membre des Croqueurs de pommes de Charente-Maritime, Bernard Patry plante, greffe, taille de nombreux arbres fruitiers.  Il a réuni et cultive les quatre variétés locales de pommier : la ‘Reinette de La Rochelle’, la ‘Grise de Saintonge’, la ‘Pomme Glace’ et la ‘Pomme Glace de Pont-L’Abbé’.

photo10_bernard_patry_

« Cette dernière,  c’est toute une histoire, car j’ai mis plus de vingt ans pour la retrouver ! C’est une variété jaune flammée de rouge qui avait enchanté mon enfance. Mon grand-père avait même lancé sa culture et sa commercialisation. J’ai fini par la retrouver à force de recherches, sur un très vieil arbre au fond d’un jardin, sur lequel j’ai pu prendre un greffon… »

Bernard cultive aussi sans traitement des pruniers et de nombreux petits fruits, pour la confiture, les sorbets ou pour picorer en passant. Le terrain trop sec pour les groseilles à maquereau convient bien à la casseille.

Le jardin en pratique

Un potager très productif

La famille est presque autonome pour ses légumes. Un des légumes favoris est la tomate cultivée en abondance avec une dizaine de variétés. « Pour la conservation, on fait entre autres des tomates séchées, juste coupées en deux dans le déshydrateur puis conservées dans de l’huile d’olive avec des herbes aromatiques du jardin », explique Sylvie.

Bernard fait lui-même tous les plants et a adopté un tuteurage anti-vent solide.

5-pisany-potager-sous-tunnel

Les autres vedettes du potager, ce sont les cucurbitacées : « ça commence avec les courgettes, puis le pâtisson et ensuite le potimarron, des melons, des concombres, la courge ‘Butternut’ et enfin la Musquée de Provence, notre préférée, très bonne et très sucrée. »

Par ailleurs, Bernard cultive (et essaie) toutes sortes de légumes : choux, poireaux, pois, fèves, haricot  demi-sec de Pont-L’Abbé, une variété locale. Pour produire plus longtemps et plus facilement, une serre tunnel sera bientôt installée.

Les choux servent entre autres à la confection de la choucroute, fabriquée traditionnellement entre amis chaque automne.

A l’entrée du potager, délimité par des dalles de pierres plates, un jardin d’aromatiques accueille de nombreuses variétés de plantes que Sylvie cultive avec soin (divers thyms, pimprenelle, sarriette, romarin, ciboulette, oseille …). Même la stévia y a trouvé sa place.

photo7_bernard_patry_

Vive la culture sous la paille !

Détail original,  les pommes de terre poussent sous la paille.  « J’avais juste vu un petit article dans une revue qui expliquait la culture sous paillis sans butter, raconte Bernard.

J’ai essayé le dernier rang ‘pour voir’ en recouvrant les plants avec une couche de compost, de paille et d’herbe tondue… et j’ai eu un rendement bien meilleur qu’à côté ! »

Le seul problème avec la paille, ce sont les limaces et les oiseaux qui grattent et découvrent les tubercules qui risquent alors de verdir. Bernard a choisi Charlotte, Amandine en précoce et Sarpo Mira en variété de garde. « Cette pomme de terre de garde est peu sensible au mildiou. Elle mûrit tard et n’a demandé cette année que deux traitements à la bouillie bordelaise. »

Pour en savoir plus sur le paillage.

Le sous-bois et la prairie

Au printemps,  les sous-bois composés de chênes pédonculés et pubescents, d’érables champêtres, de merisiers et de noisetiers sont tapissés de ficaires, de primevères, de stellaires, de jacinthes sauvages et de narcisses.  Une fois par an Bernard passe une débroussailleuse portée. Une telle abondance d’arbres est synonyme d’une faune variée, hérissons, crapauds, mais aussi  de quelques chevreuils.

Côté oiseaux, c’est l’abondance et le domaine est classé refuge LPO. Bernard a fabriqué 22 nichoirs adaptés à différentes espèces. « J’ai fait des nichoirs pour le troglodyte mignon, pour la huppe, les pics … une mangeoire à écureuil.  Le site Internet de la LPO propose des plans et j’ai mis à contribution mon neveu menuisier pour le bois ! »

15-nichoir

Les plantes sauvages

Merisiers, aubépines, sureaux, sont arrivés tout seul dans la haie, de même que plusieurs variétés de vivaces et d’orchidées dans la prairie qui a pris place dans une ancienne carrière en demi-cercle.  On y trouve des centaurées, de l’origan, des scabieuses, du cerfeuil sauvage… Tout ce petit monde attire les papillons, les bourdons et les abeilles.

En bordure de terrain, Bernard a laissé pousser un noyer, un figuier, des pieds d’acanthe pour éviter de tondre.  Le jardin héberge aussi toutes sortes de vivaces horticoles, plantées en pots autour de la terrasse (Fuchsias, agapanthes, Pelargonium, achillées…), en massif ou en bordure du potager.

Partout le jardin a apprivoisé la nature, à moins que ce ne soit l’inverse…

S’adapter aux contraintes

Le sol du jardin est au départ assez difficile à cultiver d’autant que Sylvie, d’origine vosgienne rêvait de fougères, ce dernier est sec et pauvre, même si le terrain situé dans un fond  récupère les eaux de ruissellement.

Il a donc fallu installer une bâche et rapporter de la terre plus acide pour les plantes acidophiles. Un pari délicat et difficile à tenir, compte tenu de la proximité des racines des arbres.

Récupérer de l’eau des toits pour l’arrosage est aussi devenu une priorité. Une réserve à eau souple de 50 m3 est en cours d’installation.


photo6_bernard_patry_

Les traitements au minimum

L’ensemble du terrain est cultivé sans traitement chimique à l’exception d’un désherbant, une fois par an dans l’allée minérale calcaire. La terrasse en pavés est désherbée à l’eau chaude.  Bernard se documente et teste une grande variété de solutions pour éviter les traitements.

Contre le ver du poireau, il a planté des petits carrés de polystyrène et coquilles d’œuf blanches pour leurrer le papillon. « Contre la piéride du chou, j’ai testé une fronde de fougère aigle roulée au cœur du chou, et ça marche très bien… et pour le reste il faut accepter que tout ne soit pas à la perfection et tolérer un certain degré d’infestation. »

Favoriser la faune

Partout une grande biodiversité permet d’attirer les auxiliaires. Au potager, poussent en abondance la marjolaine, la bourrache, des œillets d’Inde et des zinnias. Les fenouils et le bouillon blanc se ressèment tout seul. Bernard laisse monter en graines les chicorées très appréciées des chardonnerets et les bettes pour les insectes.

photo1_bernard_patry_En complément, Sylvie fabrique des fagots avec toutes sortes de tiges et plantes sèches et elle les dispose dans le jardin pour servir de refuge.

Des vivaces (par exemple du Geranium macrorrhizum) sont plantées tout autour du potager, pour les fleurs et pour retenir la terre.

Bernard teste aussi les effets de nombreux purins en traitement ou en engrais (prêle, consoude, orties, oignons, bardane, absinthe, rhubarbe…).  Il avoue juste son désarroi parfois face aux limaces et attend avec impatience de tester un nouveau produit à base de nématodes parasites.

De bonnes idées à reprendre

  • Un enfant = un arbre : Chacun des petits enfants a planté son arbre pour ses deux ans…
  • Étiquettes récupérées : Les étiquettes ont été faites maison avec des ardoises de collecteurs d’huitres mises au rebut.
  • Adoptez trois composts, le premier pour les déchets de taille du jardin et de la cuisine, le second pour la tonte et  le troisième uniquement pour les feuilles.
  • Pour Noël, offrez de bons outils !  Le père Noël a apporté une grelinette pour Bernard, une jibinette pour  Sylvie, des refuges à insectes … Voilà des cadeaux utiles et qui font plaisir !

2-pisany-etiquette-maison

2 commentaires sur “Lauréat 2013: le jardin de Bernard Patry à Pisany (17)

    Merci Violaine, je vois seulement ton message… Merci à toi. Chacun ses spécialités, nous serions quant à nous incapables de faire ce que tu fais. Bravo aussi. A bientôt.
    Sylvie

Répondre à HANS Violaine Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.