Offrir aux enfants la possibilité de mettre les mains dans la terre constitue une expérience profondément formatrice. De nombreuses études ont montré que le jardinage favorise le développement de la confiance en soi, mais aussi de l’empathie, ainsi que des compétences de communication et de coopération au sein des groupes d’élèves.
Pourtant, malgré ces bénéfices largement démontrés, le constat en France reste préoccupant. Entre 2020 et 2022, WWF a réalisé une étude, sur les potagers pédagogiques en milieu scolaire, révélant des chiffres alarmants :
- Un écolier sur trois est incapable de reconnaître un poireau, une courgette, une figue ou un artichaut sur une simple image,
- Les enfants passent aujourd’hui trois fois moins de temps à jouer dehors que leurs parents au même âge.
La création d’un potager à l’école ne se résume pas à une simple sortie en plein air : c’est aussi une formidable occasion de sensibiliser les enfants aux enjeux environnementaux, de leur faire découvrir les cycles naturels et de développer leur sens des responsabilités (comme l’arrosage, l’observation…).
Préparation du potager
L’emplacement :
Avant toute opération de semis, le choix de l’emplacement du potager constitue une étape essentielle. L’important est de sélectionner un espace bien ensoleillé, abrité du vent et facilement accessible aux élèves. Idéalement, le potager doit également être situé à proximité d’une source d’eau, ce qui facilitera grandement l’arrosage quotidien.
Culture en bac
Si l’école ne dispose pas d’un jardin en pleine terre, pas de souci : un potager en bacs hors sol est une très bonne alternative et s’adapte facilement à différents contextes. La culture en bac présente également l’avantage de pouvoir déplacer le potager en cas de besoin, pendant les vacances scolaires par exemple le bac peut être conduit au centre technique communal qui se chargera de les arroser. La culture en bac permet également de sensibiliser des élèves qui n’ont pas de jardin aux cultures hors sol.
Dimensions de bac recommandées :
– Prévoir une hauteur de substrat de 50 cm au moins
– Largeur de bac de 60 cm maximum.
– Choix du substrat : 1/3 de sable grossier, 1/3 de terre de jardin, 1/3 de compost. En cas d’achat de terreau, privilégiez un terreau sans tourbe (Les alternatives à la tourbe dans les terreaux horticoles)

Mobilisation des ressources disponibles :
Si une délimitation de l’espace, la construction de bacs ou la préparation du sol sont nécessaires, il est vivement recommandé d’impliquer les parents d’élèves dans cette étape. Leur participation permet non seulement de créer une dynamique collective, mais aussi de mobiliser des ressources utiles : fumier de cheval ou compost pour enrichir le sol, paille ou copeaux de bois pour le paillage, etc.
Il est également possible de se rapprocher de la commune, qui peut souvent fournir du broyat ou du compost pour accompagner la mise en place du projet. Il est également possible de se rapprocher des communes
Appropriation par les élèves :
Afin d’impliquer et responsabiliser le plus possibles les élèves, il est vivement conseillé de les encourager à écrire leur nom ou leur classe à l’endroit de leurs plantations. Cela leur permettra de surveiller l’avancement de leur potager.
Les semis
Focus sur la graine
La graine est un organe en dormance, capable de germer dès que les conditions deviennent favorables. Durant cette période de dormance, elle suspend temporairement son développement, ce qui lui permet de résister à des conditions climatiques parfois très rudes. Toutes les graines n’ont pas la même durée de vie : certaines conservent leur pouvoir germinatif seulement quelques mois, d’autres plusieurs dizaines d’années.
Les conditions nécessaires à la germination varient selon les espèces, mais trois facteurs restent essentiels : la présence d’eau, d’oxygène et une température adéquate. La lumière joue également un rôle, bien que son importance diffère d’une plante à l’autre : certaines graines ont besoin d’obscurité pour germer et d’autres de beaucoup de lumière.
Dans certains cas, la levée de dormance est déclenchée par un événement spécifique. Par exemple, certaines graines nécessitent une période de froid pour pouvoir germer : le gel inactive alors une hormone qui bloque la germination, c’est le phénomène de vernalisation. Pour d’autres espèces, ce processus peut être provoqué par des variations de température, le passage dans le tube digestif d’animaux, ou encore l’exposition au feu.
L’eau joue un rôle clé dans le processus de germination : elle fait gonfler la graine et fragilise son enveloppe protectrice. Une fois celle-ci rompue, l’eau pénètre à l’intérieur et active les réserves nutritives stockées. Ces réserves deviennent alors disponibles pour alimenter l’embryon et lancer sa croissance.
La pratique du semis
Le semis consiste à placer une graine dans un terrain préalablement préparé.
Ce sol, le plus souvent de la terre, doit présenter une structure fine, sans éléments grossiers (cailloux, morceaux de bois…) susceptibles d’entraver la germination. Il doit aussi être bien aéré afin d’éviter les excès d’eau stagnante, qui pourraient provoquer la pourriture des graines.
La terre appelée lit de semence doit être souple, aérée bien préparée ayant une structure fine et sans cailloux.
Les différentes techniques de semis
En fonction des exigences des plantes, il existe différentes pratiques de semis :
- En terrines placées en serre ou en l’intérieur, dans la cuisine ou salle de bains pour les espèces les plus délicates qui nécessitent des températures élevées : tomates, concombre, courgettes, aubergines …….
- En pleine terre sous abris (châssis ou dans un tunnel) pour les graines qui demandent une température un peu moins élevée mais constantes pour germer (chou, salade, ……). Il est également possible de réaliser cette technique de semis pour réaliser des cultures dites primeurs (précoces dans le temps).
- En place, en pleine terre (carotte laitue, betterave, oignon, haricot, ciboulette, mâche, navet, thym, oseille, persil et radis).
Dans le cas des semis en pleine terre, il est possible de déposer la graine de différentes manières :- A la volée : les graines sont reparties sur l’ensemble de la planche
Ex : mâche – tomates – aubergines - En ligne après avoir tracé un sillon dans la terre, on place les graines une par une si elles sont de gros calibre ou en les faisant couler lentement
Ex : Carottes – navets – persil- petit pois épinards- salades - En poquet, c’est à dire on place 3 à 7 graines au même endroit pour qu’elles puissent s’entraider lors de la germination pour sortir de terre
Ex : haricots, cornichon – courgettes
- A la volée : les graines sont reparties sur l’ensemble de la planche



Profondeur de semis et écartement entre les plants
La profondeur de semis joue un rôle essentiel, car elle varie selon les besoins propres à chaque espèce et selon la taille des graines.
Ainsi, une graine enfouie trop profondément ou placée dans un sol saturé d’eau risque de manquer d’oxygène, ce qui compromettra sa germination.
Par ailleurs, pour favoriser un bon développement de la plante, il est recommandé de prévoir un espa-cement adapté dès le semis ou lors du repiquage. Les distances conseillées pour les principales espèces potagères sont présentées dans le tableau ci-dessous.
Calendrier de plantation adapté au calendrier scolaire
Afin que les élèves puissent suivre et comprendre l’ensemble du cycle de vie des plantes, il est important de choisir des espèces qui peuvent être cultivées et récoltées pendant l’année scolaire.
Le calendrier de plantation proposé ci-dessous a été conçu pour s’adapter au rythme de l’école, aux objectifs pédagogiques et aux moyens disponibles.
La plupart des légumes atteignent leur maturité pendant les vacances d’été. Il est donc nécessaire de bien planifier les semis et les plantations pour que les récoltes puissent avoir lieu pendant les périodes scolaires.
– Si un arrosage régulier peut être assuré durant l’été, certaines cultures peuvent rester en place et être récoltées à la rentrée (calendrier 1). Dans ce cas, il est recommandé d’installer un voile de protection contre les insectes afin de limiter les dégâts causés par les ravageurs
– Si ce n’est pas possible, il vaut mieux privilégier des cultures de printemps ou d’automne-hiver, dont le cycle de vie complet entrera dans le calendrier scolaire (calendrier 2). Le choix des espèces dépend aussi du temps que l’enseignant peut consacrer au potager. Les cultures à cycle court, comme les radis ou les laitues, permettent des récoltes rapides et faciles à intégrer à des projets pédagogiques. À l’inverse, les cultures à cycle long — comme les fèves ou les pommes de terre — demandent plus de temps et de suivi.
Certaines espèces ne peuvent pas être cultivées en bac. Celles qui le peuvent sont indiquées dans le calendrier ci-dessous grâce à un logo spécifique.
📝 NB : Le calendrier de semis et de plantation ne tient pas compte des spécificités géographiques du jardin. Pour optimiser la réussite des semis, il est recommandé de se référer à une carte des zones climatiques ou aux plages de températures favorables à la germination de chaque espèce cultivée.










