Le plan Biodiversité 2020 du gouvernement

Si le constat du déclin voire plutôt de l’effondrement de la biodiversité fait dorénavant consensus au sein de la communauté scientifique et de l’opinion publique, qu’en est-il des actions pour tenter d’y remédier ?

espèces menacées en France métropolitaine

Le 18 mai 2018 Nicolas Hulot lançait une consultation « afin de recueillir les attentes des citoyens sur la biodiversité et mobiliser l’ensemble de la population » avait déclaré le ministre lors du congrès mondial de la nature (UICN). Celle-ci s’est terminée le 10 juin 2018 et a recueilli à ce jour quelques 25600 contributions et 92080 votes.

Mercredi 4 juillet, le gouvernement a annoncé le fruit de cette consultation : son plan interministériel en faveur de la biodiversité. Celui-ci comprend 6 axes stratégiques, 24 objectifs et 90 actions spécifiques.

  • Axe 1 : Reconquérir la biodiversité dans les territoires
  • Axe 2 : Construire une économie sans pollution et à faible impact sur la biodiversité
  • Axe 3 : Protéger et restaurer la nature dans toutes ses composantes
  • Axe 4 : Développer une feuille de route européenne et internationale ambitieuse pour la biodiversité
  • Axe 5 : Connaître, éduquer, former
  • Axe 6 : Améliorer l’efficacité des politiques de biodiversité

La France accueillera du 29 avril au 4 mai 2019 la septième session plénière de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques : l’IPBES, dont le précédent rapport était accablant.

L’enjeu est de taille car la dégradation de l’environnement par une société est un facteur important de sa propre disparition comme le montrait Jared Diamond dans son livre Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie (2006).

Parmi les 90 actions prévues :

[Action 1] Nous cofinancerons des opérations innovantes pour renforcer l’intégration de la nature dans la ville et l’accès pour tous les citoyens à des espaces riches en biodiversité.

[Action 2] Nous valoriserons les collectivités qui prennent en compte la biodiversité dans la gestion des espaces publics. Pour cela, nous travaillerons avec les acteurs du tourisme pour faire évoluer les critères du concours Villes et Villages fleuris afin d’y renforcer la place de la biodiversité. Par ailleurs, nous déploierons dans les territoires les labellisations Terre saine (commune sans pesticides) et Écojardins (gestion écologique des espaces verts).

[Action 22] Réduire l’usage des pesticides tout en accompagnant exploitants et filières. Nous développerons de nouvelles solutions pour accompagner la transition des pratiques agricoles consécutives à la sortie des pesticides dans le cadre d’Écophyto et d’un programme de recherche spécifique doté de 30 millions d’euros.

  • Nous recenserons, capitaliserons et diffuserons les pratiques traditionnelles alternatives aux usages de produits phytosanitaires et de médicaments vétérinaires.
  • Nous développerons de nouvelles solutions pour accompagner la transition des pratiques agricoles consécutives à la sortie des pesticides dans le cadre d’Écophyto et d’un programme de recherche spécifique doté de 30 millions d’euros

[Action 23] Renforcer la protection des pollinisateurs

  • Nous soutiendrons l’interdiction, dans la loi issue des États généraux de l’alimentation de tous les insecticides contenant une ou des substances actives présentant des modes d’action identiques à ceux de la famille néonicotinoïdes (famille de pesticides particulièrement toxiques pour les insectes) et nous renforcerons les conditions d’utilisation des pesticides dangereux pour les pollinisateurs.
  • Nous engagerons également des actions pour améliorer la connaissance de l’état sanitaire des pollinisateurs et lutter contre les autres facteurs de stress, d’affaiblissement ou de mortalité (dangers sanitaires notamment).

[Action 28] Nous développerons des travaux de recherche sur :

[Action 29] Au vu de leurs impacts, nous soutiendrons, dans le projet de loi issu des États généraux de l’alimentation, l’encadrement de la mise à disposition des produits biocides, en limitant la vente en libre-service des produits biocides les plus préoccupants pour l’environnement, en lien avec les restrictions permises lors des autorisations de mise sur le marché par la réglementation européenne ; en assurant, lors de la cession de produits biocides à des utilisateurs non professionnels, une bonne information sur les risques liés à leur utilisation.

[Action 48] Nous mettrons en place des mesures visant la conservation physique des sols (lutte contre l’érosion et le tassement), mais aussi le maintien et la restauration de leur qualité, par exemple via le déploiement d’un plan d’actions impliquant l’ensemble des acteurs concernés.

[Action 49] Nous promouvrons l’agriculture de conservation des sols qui, en limitant le travail du sol, en diversifiant les rotations et en assurant une couverture permanente des sols, préserve l’activité biologique des sols. Ce travail sera réalisé en lien avec la task force chargée d’animer et de suivre le plan d’actions pour sortir de l’utilisation de produits contenant du glyphosate.

[Action 50] Nous encouragerons la recherche sur la biodiversité des sols afin d’améliorer, sans recours à l’engrais, les capacités du sol à accompagner le développement des plantes cultivées et à réduire les adventices.

[Action 52] Nous encouragerons la protection et la promotion des semences de variétés anciennes, aussi bien destinées à des usages amateurs que professionnels. Par ailleurs, nous faciliterons la commercialisation de variétés anciennes pour les usages non professionnels.

[Action 74] Nous poursuivrons l’accompagnement du programme 65 millions d’observateurs et le déploiement de ses outils originaux destinés au grand public. En effet, les données issues de la recherche et du monde naturaliste peuvent et doivent être enrichies par la contribution des sciences participatives. Parallèlement, les agriculteurs seront incités à contribuer au suivi de la biodiversité présente sur leur exploitation à travers l’observatoire de la biodiversité agricole. L’objectif sera, d’une part, de doubler d’ici 2020 le nombre de parcelles transmettant des données (1200 contre 600 aujourd’hui) et le nombre de sites de démonstration (44 contre 22 aujourd’hui), et, d’autre part, de produire des métadonnées utilisables pour l’Observatoire national de la biodiversité.

[Action 79] L’Agence française pour la biodiversité lancera, au 1er trimestre 2019, une grande campagne de communication afin de sensibiliser le grand public. Par ailleurs, elle déploiera une plateforme numérique pédagogique pour encourager les bons gestes des citoyens au service de la nature (dans mon jardin, dans mon assiette, à la maison, quand je voyage…)

[Action 80] Nous déploierons dès 2019 un réseau d’écovolontaires pour la biodiversité dans l’ensemble des territoires en mobilisant notamment le service civique, le futur service national universel et le monde sportif.

Depuis 2011, la SNHF grâce à sa plateforme Jardiner Autrement a mis à la disposition des jardiniers amateurs des solutions pour maintenir ou favoriser la biodiversité dans les jardins et les espaces végétalisés, notamment concernant les oiseaux, les pollinisateurs ou encore les insectes utiles au jardinier. Cette plateforme a aussi pour vocation de préparer les jardiniers amateurs à l’application de la Loi Labbé qui interviendra en janvier 2019.

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