Lauréat 2015: le jardin de Pascal Mathias à Fay-aux-Loges (45)

Portrait de jardinier

Passionné de nature et professeur des écoles, Pascal Mathias a posé ses valises en 2006 dans une fermette désaffectée. Parti d’une page blanche, pm-0son domaine est aujourd’hui composé de potagers, de massifs généreux, de prairies et de haies naturelles, devenant  un univers structuré et fertile…

En bon naturaliste, Pascal est passionné de flore mais aussi de faune. Son univers accueille ainsi de nombreux animaux : poules, lapins, oies, canards… Le poulailler abrite des poules de race ancienne ‘Gâtinaise’ et les lapins sont des ‘Fauve de Bourgogne’. Le potager profite à la basse-cour et inversement. Pascal utilise le fumier pour amender le potager et la fiente de poule diluée en arrosage pour apporter un engrais coup de fouet. Près de l’entrée, le verger héberge une joyeuse tribu de canards et d’oies qui profite des fossés. Etape délicate, Pascal fait naître des poussins, des canetons et des oisons.

Pascal s’est enfin lancé dans l’apiculture. Il a construit ses propres ruches horizontales ou ruches kenyanes, modulaires très simples à installer et à exploiter et plus naturelles, un pari passionnant mais difficile : cette année les 3 colonies n’ont pas passé l’hiver.

Observateur attentif et expert, Pascal constate tous les jours le retour d’une faune et d’une flore riche à laquelle il attribue sans hésitation la bonne santé de son domaine…

Sa vision du jardin

Comment passer d’un terrain nu au jardin d’abondance…

Difficile d’imaginer qu’il y a 9 ans, le jardin de Pascal Mathias à Fay-aux-Loges n’avait ni fleurs, ni légumes, ni arbres. « Tout était nickel ! aime à dire Pascal. La grande cour sableuse de la ferme était régulièrement arrosée au désherbant avec juste quelques rares touffes d’arums et d’hémérocalles. Quant aux arbres, il y avait juste un vieux pommier et un vieux prunier près du potager ». Aujourd’hui, Pascal a créé tout un univers. Il y consacre une partie de son temps mais a cependant pris soin de choisir des plantes faciles et d’adopter des techniques naturelles qui lui laissent le temps d’expérimenter, de tester et en définitive de se faire plaisir…

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Le jardin en pratique

Un sol particulier

Comme dans tous les potagers respectueux de la nature, une grande attention a été portée au sol. Il est ici très sablonneux. En été, le terrain se dessèche très vite. En hiver, il devient très humide car la nappe est superficielle, comme le montrent les fossés et les mares du terrain. Pascal a très vite opté pour une absence de labour. Il utilise une grelinette pour aérer, puis un cultivateur ou un croc pour préparer le rang en surface avant la plantation ou le semis. En hiver, le sol n’est jamais laissé à nu. Un plan du jardin est préparé tous les ans et permet de prévoir l’occupation des sols en hiver et de planifier les cultures à l’avance. Il peut recevoir des engrais verts comme la féverole, qui permet de bien fixer l’azote et qui précèdera des cultures plus gourmandes comme les tomates ou les pommes de terre. Pascal sème aussi en début ou en fin de saison de la phacélie qu’il laisse parfois fleurir pour récupérer les graines. « La phacélie attire les auxiliaires, les butineurs et la féverole est un vrai nid à coccinelles, car au printemps elle est souvent attaquée par les pucerons ! », remarque-t-il. Les autres parcelles nues sont abondamment recouvertes de paille en hiver.

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Vivaces et annuelles mellifères

Tout autour du potager, des zones ont été dédiées aux ‘légumes’ vivaces comme une vaste zone de rhubarbe ou une parcelle dédiée à l’hélianthi qui produit de longs tubercules blancs en fuseau, plus fins et surtout plus faciles à digérer que le topinambour. En bout de rang et parfois entre les rangs, poussent des plantes mellifères souvent venues toutes seules comme la cardère, la bourrache ou la consoude.

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Concilier la théorie et la pratique

Pascal a privilégié dans son jardin certaines familles comme les solanacées. Pascal récolte chaque année plus de 100 kg de pommes de terre et presque autant de tomates les bonnes années. Il récolte aussi de grandes quantités de carottes, betteraves et choux…Il faut adapter le choix des plantes avec ses goûts et à ses propres besoins.

Ses conseils

Réussir ses buttes

Au bout de la parcelle, Pascal a mis en place des essais de culture sur buttes, toujours pour tenter de s’affranchir d’un sol difficile et humide. Il accumule en couches épaisses des branchages, du fumier et du compost. Une première butte a été plantée de végétaux à culture plus longue destinés à faire des porte-graines (poireaux, phacélie, blettes, oignons..), de petits fruits et de fruitiers. Une seconde butte permet de recevoir des plantes exigeantes et à grand développement comme les cucurbitacées. Pascal cultive surtout des courges ‘Butternut’ et des potimarrons qui ont tout le loisir de s’étaler dans le pré voisin.

Peu d’arrosages

Pour l’arrosage, Pascal a installé des cuves de récupération d’eau en dessous des toits des bâtiments. L’eau est ensuite distribuée en goutte à goutte et par gravitation aux plantes. Pascal cultive 13 variétés de tomates presque sans arrosage puisqu’il les arrose à la plantation puis environ tous les 10 jours, pas plus…

Ni maladies, ni ravageurs

Pascal n’utilise aucun engrais de synthèse ni traitement. Les maladies ou ravageurs ne lui posent pas de problème car ils apparaissent à chaque fois en très petite quantité. Le mildiou est très limité depuis qu’il a opté pour des cultures en partie abritées. Les structures réalisées en saule, tube plastique et films transparents sont des fabrications ‘maison’ et sont déplacées tous les ans. Côté ravageurs, les chenilles de piérides sont ramassées à la main. Quant aux doryphores, Pascal n’en a pas vu depuis 2 ans. Les seuls nuisibles qui pourraient être gênants sont les escargots et les limaces mais qui attaquent surtout les bouts de rang proches d’un muret en pierres sèches, un abri qui s’est révélé idéal pour les gastéropodes !

Faire ses plants et ses graines

Il récupère ses propres graines de tomates, poireaux, phacélie, fèverole, haricots… Ces derniers sont séchés la tête en bas au grenier puis battus. Il fait lui-même tous ses plants (tomates, poivrons, aubergines, choux, cucurbitacées…). Il peut ensuite partager et troquer avec les voisins, amis et deux fois par an au troc vert de Châteauneuf- sur- Loire.

Auxiliaires et abeilles

En plus des nombreux auxiliaires attirés par les fleurs du potager et des massifs, la mare héberge de belles populations de grenouilles, de crapauds et de tritons. Un peu partout des nichoirs ont été installés pour héberger des oiseaux. Les haies sauvages, les vieux troncs, les tas de branches et de pierres servent aussi d’abris à une multitude d’autres animaux : insectes, reptiles (serpents et lézards) et petits mammifères.

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